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EAU

Dessins de vapeur

Sylvia LADIC

Barjols avril 2021 

Jus d’écorce de noix, vapeur d’eau, papier.

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Ce travail commence par un texte de Georges Olivari qui dirige la Maison Régionale de l’Eau de Barjols dans le Var. C’est une réponse artistique et plastique à cette réflexion scientifique.

 

Il y parle de ce qui se joue dans l’invisible entre les organismes vivants, du microbiote, des créations symbiotiques pour lesquelles chaque organisme peut nourrir l’autre et le faire vivre. Le sujet touche évidemment à l’actualité tant il parle des virus. Et là d’insister qu’il y a une autre loi que la « loi de la jungle, la loi du plus fort » : l'entraide. L’entraide qui, à tous les niveaux est le gage de notre survie, survie des êtres vivants au cours du temps.

 

Certes mon appropriation plastique du sujet ne parle pas spécifiquement de microbiote, mais elle met en avant ce partenariat constructif qui peut s’établir entre l’artiste et l’invisible.  

« La vertu de la peinture est de peindre les choses invisibles » nous disait Gilles Deleuze. Aussi, me suis-je demandé dans quelle mesure un artiste peut-il révéler des espaces invisibles. Mon interrogation porte plus particulièrement à trouver une manière de révéler les espaces invisibles de l’eau.

 

Ce travail est processuel et établit selon un protocole répétitif où seule la durée change : 1 heure, ½ heure et 15 minutes.

 

Il s’agit de donner les conditions pour révéler les dessins de la vapeur d’eau.  Impossible à ce niveau d’être scientifique, mais plutôt d’accepter de jouer avec le hasard qui offre des découvertes fascinantes. La page teintée va permettre à la part invisible de l’eau de trouver un espace d’expression. L’écriture se fait sans mon intervention. Je laisse sa part à la vapeur.

 

Le travail qui en résulte ne peut se passer de prendre en compte le médium qu’est le jus d’écorce de noix. En effet, et de façon étonnante, les desseins de la vapeur évoquent le bois brûlé, le feu. Force est de constater que le partenariat ne se fait pas qu’entre l’artiste et la vapeur d’eau, et que le médium a sa part de message à délivrer.

Fortes irisations, diffusions, nuances et contrastes de teinte, les couleurs se texturent. Les deux faces sont intéressantes en fonction du temps d’exposition à la vapeur.

 

La vapeur révèle ses chemins, des paysages jusqu’à là cachés. Les apparitions sont des traces qu’on aimerait lire, comme on révèle un dessein dans le marc de café. De véritables divinations aquatiques.

L’attente du résultat prend des tournures épistolaires. J’attends impatiemment les messages de cet invisible de l’eau et du noyer.

Les traces structurées par le cercle du contenant débordent et ouvrent un jeu de questions – réponses avec les paréidolies (arbre, visage, oiseau, paysage, cosmos, micro, macro…).

La vapeur continue d’inscrire ses messages dans cet espace concentré qu’est la casserole. Elle ruissèle, goutte, s’échappe, diffuse, imprègne… Elle fait mouvoir la teinte, ici l’estompe, la décolore, là elle se charge marquant de forts contrastes.

 

Sur la verticalité et l’horizontalité. La position murale contredit le processus de création d’un côté et de l’autre affirme les dessins créés par la vapeur qui se donnent à lire au spectateur, au niveau de son regard. Il n’y a pas d’endroit ou d’envers, de recto ou de verso. Le choix est bien subjectif. Ce sont des morceaux choisis.

 

Le jus de noyer avancerait-il ses craintes en affirmant cet aspect brûlé ? Ce trio artiste / vapeur d’eau / jus d’écorce de noyer est la condition pour que l’invisible s’exprime. Encore faut-il écouter, regarder les messages et les décoder…   

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